La rencontre s’est effectuée après la commande d’un cupcake de la Vierge (vu que c’est mon premier, sentimentalement parlant, ça restera le meilleur du zodiaque) au café Contresort. Je fus séduite. Le cadre, la bonne bouffe et le caractère sympathique de Théodore ont suffi à me fidéliser. Via son compte @zcommezodiaque, j’ai découvert que tantôt, ael parle d’astrologie façon intello, réflexions sociétales hyper poussées ; tantôt, ael nous l’explique avec simplicité et légèreté. Son vocabulaire est suffisamment riche pour s’adresser à tous les publics et sa sensibilité pour s’adapter à la compréhension de chacun·e. Aujourd’hui, je vous propose de (re)découvrir cet·te astrologue/auteur·ice/tenancier·e/chef·fe de talent : Théodore Fachan !
Bonne lecture
Table des matières
Je m’appelle Théodore, et mine de rien, je fais pas mal de choses ! Je suis à la fois pâtissier·e et restaurateur·ice (puisque j’ai co-fondé le Café Contresort avec Eloïse Méhard, une de mes personnes favorites sur cette terre), astrologue (j’ai créé un podcast appelé Z comme Zodiaque et j’ai même publié plusieurs livres à ce sujet, incroyable mais vrai), sorcier·e des fourneaux, auteur·ice de fanfics, et plein d’autres choses encore.
J’ai grandi en banlieue parisienne (9-4 représente) mais mes ancêtres viennent des quatre coins de la France. Je peux me passionner de façon plus ou moins obsessionnelle pour pas mal de choses, mais s’il faut sélectionner seulement quelques heureux élus : je dirais que j’adore la fiction YA, la culture drag, les histoires d’amour (même si je suis très difficile sur les oeuvres qui en parlent, souvent c’est si mal écrit, alalala quel dommage), la cuisine veggie, danser comme jaja sur de la pop, et les gender studies.
J’ai grandi dans un appartement où on trouvait des livres d’astrologie dans la bibliothèque familiale ! Ma mère avait suivi des cours avant d’être rattrapée par la chronophage vie de famille et l’énergivore charge mentale souvent attribuée aux daronnes. Du côté de mon père, ma tante, Zoé Fachan, avait écrit plusieurs livres d’astrologie très pointus. Ça me fascinait ! On m’a expliqué tout de suite que je n’étais pas seulement mon signe solaire, mais que j’incarnais l’entièreté du ciel au moment de ma naissance. Je suis régulièrement revenu·e à ces livres complexes, et l’âge progressant, je les reposais de moins en moins vite sur les étagères car je comprenais de plus en plus tout ce complexe charabia. Au fur et à mesure, j’ai appris !
Mais je m’y suis mis·e véritablement au début de ma vingtaine, pas de manière toujours assidue car vite rattrapé·e par les occupations capitalistes telles que travailler pour gagner ses factures… Créer le podcast Z comme Zodiaque en 2018 a tout changé. Petit à petit, j’ai commencé à lire des thèmes de personnes inconnues, puis on m’a sollicité pour écrire des livres et des piges… C’était assez étonnant à vivre ! Je n’avais pas prévu de faire de l’astrologie une activité à temps-plein, et il a fallu presque deux ans de création de contenu pour que j’assume de m’appeler « astrologue ».
Nous vivons sous le ciel, mais aussi avec lui. L’astrologie n’est pas seulement un outil : la voûte céleste s’exprime quotidiennement, mais encore faut-il pouvoir décrypter ses messages. C’est ce que j’essaie humblement de m’atteler à faire !
Je me réfère à l’astrologie quasiment tous les jours, pour analyser le monde qui m’entoure, mais aussi parce que je suis d’assez près les mouvements du ciel, qu’on appelle « transits » et qui donnent des indications précieuses sur les montagnes russes du quotidien. J’essaie de ne pas cultiver des pratiques anxiogènes et de contrôle, mais quand je peux, je choisis par exemple des dates qui me semblent convenir à certains événements, certaines publications etc. J’honore aussi de plus en plus régulièrement certains astres, et les moments choisis pour effectuer des rituels sont également à élire avec soin !
Lorsque j’ai été contacté·e par Solar en 2019, il n’existait pas de livre à la fois accessible à toustes pour débuter à l’astrologie qui soit en même temps joli et ludique. L’idée était d’accompagner les lecteur·ices pas à pas, en leur prenant la main et en leur posant des questions au long du chemin, tout en proposant un objet joli (et très bien illustré par la talentueuse Clémence Gouy)
J’ai notamment adoré écrire l’introduction et la conclusion, qui permettent d’aborder plein de sujets auxquels on ne pense pas toujours (est-ce que l’astrologie permet de prédire ? Et comment expliquer que deux jumeaux au thème astral similaire mènent deux vies d’apparence très différentes ?)
En tant qu’astrologue, je ne peux qu’adorer tous les signes du Zodiaque donc aucun problème à ce niveau ! En revanche, la maison d’édition insistait pour un angle « conseils tirant vers le développement personnel », et il a fallu me faire violence ! Ce qui est étrange car dans la vie quotidienne, beaucoup de proches me disent chercher et apprécier mes conseils (sûrement mon côté grand sage Capricorne, héhéhé). Egalement, en lecture de thème, je peux me retrouver à prodiguer des conseils : mais toujours avec des pincettes et en précisant que je peux me tromper, que je possède ma subjectivité et que la personne reste libre de jeter mon humble avis à la poubelle. Je me considère comme traducteur·ice du ciel : mais je ne suis pas gourou, j’essaie de faciliter une compréhension des clés à disposition de chacun·e mais tout le monde doit choisir quelle clé lui conviendra, comment et quand l’utiliser ! Par ailleurs, l’idée de donner un conseil général à une myriade de lecteur·ices me paraît être ambitieux. Un thème astral, c’est toujours du sur-mesure !
Ce fut donc un sacré défi que d’axer une partie éditoriale sur un ton de développement perso que je ne trouve pas gênant ou infantilisant.
Lorsque j’étais jeune, heureusement que j’ai réussi à prendre du recul et n’ai pas pris l’astrologie en horreur à la lecture de certains textes ! Déjà à l’époque, certains éléments me sautaient aux yeux comme sexistes, binaires, homophobes ou transphobes. J’avais l’impression que certaines interprétations dévoyaient la nature sage et émancipatrice de l’astrologie, et ne reflétaient pas la magie du ciel mais bien nos sociétés souvent très violentes envers les minorités de genre, c’est à dire les femmes et les personnes LGBTQIA+.
En tant que personne s’étant depuis le plus jeune âge revendiquée féministe (même si mes idées féministes ont beaucoup évolué depuis mon enfance et les années 90), mais également en tant que personne pansexuelle ayant hélas vécu des discriminations (notamment de la lesbophobie), et en tant que personne non-binaire ayant aussi vécu du harcèlement concernant son genre, je constate que nous manquons de représentation et de contenu adapté à nos problématiques. L’astrologie ne fait pas exception. Par exemple, lorsqu’on parle de part « féminine » ou « masculine », cela n’a pas forcément de sens pour les personnes qui ne se conforment pas à ce que notre société considère comme féminin ou masculin.
Mon côté terrien répond « magie des fourneaux » car j’aime manger, oh. Mais je suppose que choisir l’astrologie ne signifie pas pour autant renoncer à la cuisine tout court ! Dans ce cas, je choisis l’astrologie ! Blague à part, les deux pratiques répondent à deux placements de mon thème : la kitchen witchery s’inscrit dans ma maison 3 (où j’ai un grand nombre d’astres), où s’affirme la thématique des rituels au quotidien, du partage avec des personnes de proximité, du trivial et de l’anecdotique. L’astrologie pourrait répondre davantage à la maison qui lui fait face, la 9, où culmine la quête de savoir divin, de philosophie universelle, et d’enseignement solennel. Cette maison abrite mon Jupiter, figure d’enseignement et d’expansion. Pour autant, la vie est une question d’équilibre et j’infuse l’astrologie d’accessibilité, de pop culture et d’exemples concrets, tout en essayant de valoriser la magie des fourneaux comme philosophie de vie ! Donc au final tout se répond et s’équilibre, en tout cas je l’espère.
Les questions d’éthique sont indissociables, fondamentales, inévitables dans nos pratiques – à moins d’aspirer à une posture critiquable de charlatan·e qui joue avec le bien et le mal, la morale et le bien-être de ses prochain·es ! Echanger avec une personne sur des enjeux existentiels, en partant du principe que quelque chose de plus grand, plus holistique, plus mystique que notre voix humaine s’exprime à travers nous, c’est quand même particulier. Notre responsabilité reste énorme, même lorsque les personnes qui nous consultent ne sont pas en détresse et ont du recul.
Par ailleurs, l’astrologie est une pratique très ancienne et nous autres astrologues contemporain·es devons le respect à celleux qui, il y a plusieurs millénaires, ont compilé (sans ordinateur ni logiciel) toutes les informations que le ciel acceptait de leur délivrer. Il s’agit aussi d’éthique que de reconnaître que nous ne cessons jamais d’apprendre, que le savoir accumulé reste gigantesque et qu’une existence ne suffit pas à l’acquérir intégralement, que l’astrologie est issue d’un gigantesque réseau d’astrologues passé·e·s, présent·e·s et futur·e·s qui s’échangent, s’enseignent, se font progresser les un·e·s les autres. Partager ses sources, remettre à l’honneur des astrologues ancien·ne·s fait aussi partie de cette démarche.
Le lancement tout récent de mon patreon astrologique avec de nouveaux formats !
Le 12 octobre sortira notre nouveau livre avec Eloïse Méhard : « Potions » aux éditions Webedia, exclusivement consacré aux boissons et à la magie des philtres et autres élixirs !
Sinon, nous nous apprêtons à vivre la grosse saison du Café Contresort : septembre et octobre, c’est toujours sport car chacun·e souhaite se prendre pour un·e sorcier·e le temps d’un repas ou d’un goûter dans une ambiance witchy !
J’ai utilisé le Modern Witch Tarot (car c’est le seul deck que j’ai emporté en vacances) : bizarrement je n’ai pas sorti les mêmes cartes qui ont tendance à revenir lorsque j’interroge les cartes sur ma pratique !
C’est drôle car une des grandes composantes « mystiques » de mon thème, c’est justement ma Lune (la fabrique émotionnelle, le métabolisme, l’imaginaire, les goûts naturels, l’intimité) en Maison 12 (atelier hyper-intuitif qui appelle notamment à développer sa vie intérieure pour accepter l’inacceptable et créer une connexion perméable et poreuse aux autres mondes) ! Ce que j’apprécie dans cette carte précise, c’est le chemin qui mène à la montagne/grotte, au mystère. Je trouve aussi intéressant que l’habituel crustacé soit remplacé par une créature aquatique : j’adore les sirènes ! Je vois bien que son graphisme est inquiétant mais j’ai une passion pour les sorcières outsider et autres méduses persécutées, terrifiantes d’apparence mais pas forcément en leur for intérieur. Notons aussi les masques portés par les deux personnages nus : on dirait vraiment un rituel, une nuit de sabbat. Certes, nous arrivons nu·e·s pour honorer le ciel et rendre culte à la Lune, mais nous avons pris soin de choisir des masques avec attention et intention !
Enfin, plus généralement, c’est (il me semble) une carte de forte intuition et j’essaie en effet de rester très attentif·ve à pratiquer en accord avec mes états intérieurs, et pas de manière mécanique… quitte à changer et me ré-inventer régulièrement comme la Lune dans le ciel !
Dans ce contexte, j’y vois une expression de résilience. Mon ascendant est Scorpion et donc dirigé par Mars, l’archétype guerrier. Par ailleurs, mon thème est doté de fortes énergies Capricorne (persévérance et endurance malgré l’hostilité ambiante) : sur cette carte, le personnage m’évoque l’oeil du tigre (of the tiiiigeeeer). En dépit des bandages à la tête (les fameux coups de bâton de Rafiki !), iel n’en démord pas, comme en témoignent ses mains préparées pour le match de boxe à venir et son regard déter.
J’ai beaucoup ri en tirant cette carte ! Je pensais à l’engagement ésotérique et pas aux pratiques ésotériques en général et je crois que ça s’est ressenti au tirage !
Bien sûr, c’est beaucoup de responsabilités et je crois qu’un certain nombre de personnes s’engagent avec un peu trop de légèreté dans ces voies profondes et mystérieuses. Ça ne m’empêche pas d’apprendre et pratiquer avec auto-dérision, humour et des rappels de lâcher-prise mais… malgré tout, ça amène à se poser beaucoup de questions.
Concernant le 5 de coupes, je reçois pas mal de témoignages de personnes qui se croyaient sceptiques et se sont réconciliées avec une certaine vision de l’ésotérisme en écoutant mon podcast, notamment. Et également (merci infiniment pour cela) souvent des retours de personnes pour qui leur lecture de thème a accompagné une étape cruciale. Même si l’astrologie ne peut se substituer à un suivi médical, ce serait aussi se fourvoyer que de nier la dimension d’accompagnement. J’essaie toujours de présenter les choses avec délicatesse et douceur, même lors de sujets difficiles.
Je suppose que la seconde carte, le 8 de bâtons, est l’étape logique qui suit : créer de la motivation, redynamiser, aider l’autre à renouer avec sa vitalité et son essence solaire.
Promis, c’est pas pour cirer les pompes : mais je suis fan de ton travail ! Déjà, QUEL HUMOUR ! Je pense qu’on sous-estime le pouvoir du rire, de la dérision, et même du sarcasme en matière d’ésotérisme et de spiritualité. On peut absolument respecter nos pratiques et le sacré qui y est associé, tout en continuant d’en faire preuve envers nous-mêmes, humbles mortel·le·s vite paumé·e·s dans le pré. Nous sommes des humain·e·s et j’aime celleux qui ne se prennent pas pour des divinités même si nous sommes parfois amené·e·s à discuter avec des entités plus grandes et fortes que nous !
Aussi, j’apprécie ta transparence sur l’envers du décors, les transactions commerciales et le respect des créations de chacun·e. C’est important que les gens comprennent que ces « prestations » ésotériques requièrent beaucoup d’énergie et d’investissement, ne serait-ce qu’en termes d’apprentissage et de temps. Un échange équilibré passe par une valorisation de notre don, qu’elle soit pécuniaire ou autre. Merci à toi de le rappeler régulièrement, avec calme et sagesse !
2022 – Le Zodiaque a-t-il un sexe ?
2023 – Potions (à paraître)
Vous pouvez retrouver Théodore sur Instagram, Patreon, Spotify sous le pseudonyme de @zcommezodiaque ! Et également sur le Kitchen Witch Le Podcast co-animé avec Eloïse Méhard.
